« Huddle » de Simone Forti

To huddle : se blottir. A huddle : un petit rassemblement de personnes. Huddle de Simone Forti : un petit groupe resserré de cinq à huit interprètes, debout sur scène, d'abord fortifiés ensemble jusqu'à ce qu'un•e performeur•euse se détache du bloc et entame l'escalade de cette petite montagne humaine. L'un•e après l'autre, à la suite, tous•tes répètent ce mouvement dans une procession étrange et mouvante.

Huddle est l'une des sept Dance constructions créées par la danseuse et chorégraphe Simone Forti à New York dès le début des années soixante, alors qu'elle se forme auprès de Martha Graham et Merce Cunningham. Proche des milieux d'avant-garde américains, Simone Forti développe sa pratique chorégraphique dans le prolongement des minimalistes qu'elle côtoie.

Proposée en 2011 dans le cadre du « Studio 57 » de la compagnie Callicarpa (anciennement La Brèche) au Centre Pompidou-Metz, Huddle est l'une des quelques recréations par la compagnie de pièces déjà existantes. Tout en participant à décrire son héritage esthétique, elle contribue également à revendiquer une pratique démocratique de la danse, ouverte à des corps qui ne seraient pas entraînés de manière conventionnelle, dans la droite lignée des exigences artistiques d'Aurélie Gandit.

Huddle est une sculpture vivante. Elle se transforme sous nos yeux, prenant des formes toujours uniques à mesure que les performeur•euses, tour à tour, grimpent et dégringolent de ce monticule de corps amassés. Elle a beau avoir été composée au milieu du XXe siècle, la pièce est presciente des esthétiques chorégraphiques du tournant des années 2020, des corps ralentis ou empêchés que l'on peut trouver chez Gisèle Vienne ou Anne Imhof. Les thèmes et les images qu'elle soulève sont tout aussi contemporains, pondérant la communauté et l'entraide comme la catatonie collective.